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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/18

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— Je ne te blâme pas, fils ; vous avez été élevés ensemble presque comme frère et sœur ; mais elle et toi, vous êtes encore des enfants. Crois-moi, ne joue pas avec le feu. Denisâ est sage ; elle appartient à une famille pauvre à la vérité, mais très honorable. Tu ne peux songer à la séduire, et tu es trop jeune encore pour songer au mariage. D’ailleurs, je…

— Père, je vous en prie.

— Bien, bien, je sais tout ce que tu pourrais me dire à ce sujet. J’ai eu ton âge, moi aussi, et, grâce à Dieu, je ne suis pas encore assez vieux pour l’avoir oublié. Ne gâte pas ta vie, fils ; mais je m’aperçois que je prêche dans le désert, ajouta-t-il en souriant. Tu ne m’écoutes pas ; que regardes-tu donc avec tant d’attention ?

— Là ! voyez, père ! fit-il en étendant le bras.

— Ah ! ah ! la maison hantée !

— Oui, père ; est-ce que cette maison est toujours inhabitée ?

— Toujours ! Tu sais combien nos montagnards sont superstitieux ; personne n’oserait, je ne dis pas seulement la louer, mais même s’en approcher à cinq cents pas, surtout à cette heure ; les plus braves d’entre eux préfèrent faire un énorme détour plutôt que de passer en vue d’elle ; fils, tu te soucies fort peu de cette maison, hantée ou non, ajouta-t-il en hochant la tête ; entre nous, tu cherchais seulement à changer de conversation, voilà tout ; je traitais un sujet qui ne te…

— Mais regardez donc, père ! interrompit vivement le jeune homme.

— Quoi encore ? reprit le docteur avec une légère impatience.

— Je vois une lumière.

— Une lumière, où cela ?

— Dans la maison hantée.

— Allons donc, c’est impossible ; je te dis qu’elle est déserte.

— Je ne prétends pas le contraire ; cependant, je vous affirme que je vois une lumière ; regardez, là, tenez… La