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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/205

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« Denisà vous aime, pleure et vous attend ; elle vous recommande de ne pas l’oublier ; votre père a failli mourir de douleur en apprenant l’odieuse machination dont vous avez été victime.

» Denisà s’est faite l’ange gardien de votre père, elle l’a sauvé de son désespoir ; une amie inconnue veille sur eux.

» Quatre jours après votre départ de D. vous apercevrez un brick naviguant de conserve avec votre frégate ; vous reconnaîtrez ce brick à un signe particulier, son petit perroquet sera en toile rouge, tandis que toutes ses autres voiles seront blanches.

» Le navire s’approchera insensiblement de la frégate, au coucher du soleil, il n’en sera plus éloigné que de deux encablures.

» Vous êtes, dit-on, un nageur émérite, un trajet de deux encablures ne doit être rien pour vous.

» À sept heures et demie du soir, vous vous coulerez tout doucement à la mer, dans la direction du brick ; une de ses embarcations vous recueillera ; cette embarcation portera un fanal allumé à l’arrière.

» Que Dieu vous conserve pour ceux que vous aimez et ceux qui vous aiment !

» Souvenez-vous que l’homme auquel vous devez tous vos malheurs est Felitz Oyandi.

» Votre père vous bénit et votre fiancée vous aime plus que jamais.

» Pour que vous ne conserviez aucun doute sur les sentiments de la personne qui vous écrit cette lettre, et afin que vous ayez une entière confiance, elle signe d’un pseudonyme que votre père et vous connaissez seuls.

» Bon espoir.

 » La morte vivante. »

— Oui, murmura-t-il en repliant la lettre, je vous reconnais, madame, et je ferai ce que vous m’indiquez, dussé-je rester enseveli sous les flots. Je vous remercie,