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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/237

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Aussi, après avoir en un tour de main fait disparaître les rifles accrochés au manteau de la cheminée, il s’était mis tranquillement à lever les barres, à repousser les verrous et à tourner la clef dans la serrure de la porte.

Les deux aventuriers avaient essayé de lui faire quelques observations sur l’imprudence qu’il commettait de se mettre ainsi, sans autre garantie, à la merci de cet homme.

Le Canadien leur avait répondu en riant :

— Vous ne connaissez pas le Mayor ? J’ai sa parole ; elle est d’or ; il tiendra tout ce qu’il a promis et au-delà, je suis aussi en sûreté maintenant que si j’étais dans ma maison de la rue de Paris, à Québec.

— Comme il vous plaira, dit Cœur-Sombre, et il se détourna avec indifférence.

Le Canadien ouvrit la porte toute grande :

— Entrez et soyez les bienvenus sous ce toit dont vous franchissez le seuil en amis.

— Ne t’inquiète de rien, répondit le Mayor en pénétrant dans la grande salle.

Cet homme était bien tel que l’hôtelier l’avait dépeint aux chasseurs.

La ressemblance était frappante.

Tout, dans ses allures et ses moindres gestes, dénotait l’homme du monde, le « gentleman », ainsi que disent les Anglais.

Mais son regard repoussait et faisait froid ; on éprouvait un indicible sentiment de malaise et de répulsion à sa vue.

Le Mayor semblait ne se préoccuper que très médiocrement de cet effet qu’il produisait sur tous ceux avec lesquels le hasard le mettait en rapport.

Il est vrai qu’il devait depuis longtemps y être accoutumé.

Une quinzaine d’individus appartenant à toutes les nationalités existantes, mais dont la majorité provenait du Mexique, entrèrent dans la cabane à la suite du Mayor.

Une vingtaine d’autres étaient restés au dehors, ac-