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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/258

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— Mais si plus tard cet homme sauvé par vous…

— Tente de nouveau un assassinat contre moi ? interrompit tristement le docteur, eh bien ! il le tentera, et ma conviction intime est que, dès qu’il se sentira guéri, il reprendra toute sa haine. Je le connais depuis longtemps ; je sais ce dont il est capable ; depuis quinze ans nous sommes ennemis ; c’est une longue haine ! Plusieurs fois il a attenté à ma vie : chaque fois nos rôles ont été les mêmes. Que voulez-vous, ajouta-t-il avec un sourire douloureux, on se venge comme on peut ! Ne le trouvez-vous donc pas assez puni ?

— Non, dit nettement le jeune homme, nous autres Indiens, quand un serpent nous pique ou essaye de nous piquer, nous lui écrasons la tête sous notre talon : ménager son ennemi, c’est l’engager à recommencer.

— Peut-être ? Mais le temps presse ; ne le perdons pas davantage. La Framboise et vous, jeune homme, étendez cet homme sur la table et maintenez-le solidement tandis que j’opérerai. Heureusement il est évanoui et n’a pas conscience de ce qui va se passer.

Tout en parlant ainsi, le chasseur avait ouvert sa valise, dont il avait retiré une trousse d’un grand prix, dont tous les instruments étaient d’argent et de l’acier le plus fin.

Le chasseur étala ses instruments sur une table ; puis il revint au blessé, que les deux hommes avaient déshabillé.

Le chasseur commença par examiner de nouveau les blessures.

Il les lava et les pansa avec le plus grand soin, ce qui fut assez long, car les blessures étaient nombreuses.

Le blessé n’avait pas donné signe de vie, mais cette défaillance, loin d’inquiéter le chasseur, semblait, au contraire, lui causer une certaine satisfaction.

Sur ces entrefaites, le jour s’était levé tout à fait.

Les volets avaient été ouverts et un énorme feu était allumé dans la cheminée.

— Y sommes-nous ? demanda le chasseur.