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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/315

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des étoiles, traverser la rivière à gué, monté sur son cheval.

Au bout de quelques minutes, il disparut dans l’éloignement, et sa noire silhouette se confondit avec les ténèbres.

Charbonneau s’occupa aussitôt à renforcer encore, par tous les moyens en son pouvoir, les fortifications établies en toute hâte autour du campement.

Puis, après avoir désigné à chacun le poste qu’il occuperait en cas d’alerte, il se retira à l’écart avec trois autres Canadiens, et tous quatre s’occupèrent activement à confectionner, au moyen de lassos d’une grande solidité, des espèces de cordes à nœuds, qu’ils attachèrent solidement aux arbres qui bordaient l’esplanade du côté de la rivière.

Cela fait, Charbonneau grimpa sur le plus élevé des arbres laissés debout sur l’esplanade, et inspecta minutieusement la campagne.

La nuit était glaciale, mais claire, et l’atmosphère était d’une grande limpidité.

La lune, à son deuxième quartier, se balançait dans l’éther.

Ses rayons se combinaient avec le scintillement des millions d’étoiles, répandant une lumière blanchâtre, presque boréale, qui permettait d’apercevoir les moindres accidents du paysage, jusqu’à une énorme distance.

Seul, le sommet de l’esplanade, laissé tout exprès boisé, demeurait dans une obscurité d’autant plus complète que, par surcroît de précaution, les feux de veille n’avaient pas été allumés pour la nuit.

On n’entendait d’autre bruit dans la Savane que celui produit par le galop précipité des bisons, dont l’arrière-garde achevait de défiler devant l’accore, tandis que l’avant-garde avait, depuis longtemps, disparu dans les lointains de l’horizon.

Cette dernière troupe, composée des animaux les plus fatigués et les plus pesants, formait une masse assez confuse, et semblait se débattre avec énergie contre les attaques d’un ennemi encore invisible.