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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/32

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— Parlez, je vous en supplie ; je dois, je veux tout savoir, ne me cachez rien ; il importe que je sache bien jusqu’où cet homme a poussé l’infamie ?

Et, en parlant ainsi, sa prunelle se dilata et lança un fauve éclair de haine et de menace.

— Cet homme, votre mari, madame, a accompli sa menace ; il a été jusqu’au bout avec une froide et implacable cruauté.

— Ainsi quand j’étais endormie…

— Il vous a fait garrotter par son complice, regardez vos poignets.

— C’est vrai, dit-elle à voix basse, en jetant un regard douloureux sur ses poignets meurtris ; et après ?

— Après ?

— Oui, après ? dites, je vous en conjure ! est-ce qu’il a osé me jeter ?…

— Dans la fosse creusée à l’avance par l’homme qu’il a fait étrangler ! oui, madame, vous y avez été jetée, puis la terre a été entassée sur vous et la fosse comblée.

— Oh c’est horrible ! s’écria-t-elle avec épouvante. Et ce monstre appartient à la société, dans laquelle il occupe une haute position ; et il a des amis, des flatteurs… Oh !… Mais comment ai-je été sauvée ? ajouta-t-elle après un instant.

— Par mon fils et par moi, madame, qui assistions invisibles à cette scène hideuse ; vous êtes demeurée un quart d’heure à peine dans cette fosse, dont nous vous avons retirée aussitôt après le départ de votre bourreau.

— Oh ! comment m’acquitterai-je jamais envers vous, messieurs.

— Le bonheur de vous avoir sauvée, madame, est notre plus chère récompense.

— Suis-je bien loin de Saint-Jean-de-Luz ?

— À deux lieues tout au plus.

— Hélas ! que faire ? que devenir maintenant ?

— Rien ne vous empêche de rentrer chez vous, aussitôt que vous le voudrez, madame.