Aller au contenu

Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/362

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Mais…

— Depuis quelque temps, nous nous sommes beaucoup écrit ; et, ajouta-t-elle avec un fin sourire, heureusement pour vous, il a reçu mes lettres.

— Sur l’honneur ! je ne comprends pas.

— Il n’est pas besoin que vous compreniez… quant à présent, ajouta-t-elle en appuyant avec intention sur les trois derniers mots.

Le chasseur secoua la tête en homme qui renonce à deviner une énigme et se résigne bon gré mal gré.

Tout en causant ainsi, on continuait à marcher.

Bientôt on ne se trouva plus qu’à quelques pas des étrangers.

— Me direz-vous qui est don Cristoval de Cardenas ? fit-elle avec une moue charmante.

— C’est le cavalier qui marche en avant, répondit Cœur-Sombre.

— Merci, dit-elle.

Elle poussa son cheval, en faisant signe à son escorte de s’arrêter, et elle s’avança en compagnie de sa camériste et de son fils à la rencontre des cavaliers.

Les deux chasseurs la suivirent à quelques pas en arrière.

En apercevant la comtesse de Valenfleurs, don Cristoval fit sentir l’éperon à son cheval et se hâta au-devant d’elle.

Il s’arrêta à deux pas de la comtesse, ôta son chapeau, et, s’incarnant jusque sur le cou de son cheval :

— Soyez la bienvenue sur mes terres, madame la comtesse, fit don Cristoval avec une exquise courtoisie. Dès ce moment, vous êtes chez vous et maîtresse absolue de tout ce que votre regard peut embrasser aux quatre points de l’horizon. Veuillez donc, je vous en supplie, ne me considérer que comme le premier et le plus dévoué de vos serviteurs.

— C’est trop de galanterie, seigneur cavalier, répondit la comtesse avec un délicieux sourire, je ne vous demande que l’hospitalité du voyageur.