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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/402

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accélérer la digestion, puis il se renversa sur le dossier du fauteuil, en poussant un hum ! de satisfaction.

— J’avais besoin de cela dit-il en riant.

— Ainsi cela va mieux ? fit le Mayor.

— Cela va très bien, mon colonel ; je me sens frais et dispos comme si je n’avais pas tiré des bordées pendant deux jours avec rien dans la cale, ni dans la soute au biscuit.

Tout en parlant ainsi, il sortit de la poche droite de son paletot une pipe en terre, noire comme de l’encre, au tuyau microscopique.

Il prit dans sa poche gauche une vieille blague faite d’une patte d’albatros, remplie de tabac.

Il bourra consciencieusement sa pipe, l’alluma et la plaça dans le coin gauche de sa bouche, où elle sembla s’incruster dans ses dents, et se trouva retenue comme par des pinces.

— Là, voilà qui est fait, mon colonel. Maintenant, sauf respect, je suis tout à vos ordres, pour ce qu’il vous plaira de m’ordonner.

— À la bonne heure, dit le Mayor, nous allons causer ! et il s’assit auprès de la table en face de son interlocuteur : Allons d’abord au plus pressé, ajouta-t-il, la senora ?

— Arrivée à bon port, et sans la moindre avarie, à Hermosillo, où sa famille l’a reçue à bras ouverts la senora est bien triste, mais sa santé s’améliore. Le médecin assure qu’elle sera complètement guérie avant un mois. Elle désire que vous alliez la voir.

— Cela sera difficile, mais je tâcherai.

— Je crois que vous ferez bien d’attendre le départ des Français.

— Bon. Est-ce qu’ils me connaissent ?

— Oui, de réputation ; et je dois avouer que vous n’êtes pas en odeur de sainteté près d’eux.

— Bah ! que m’importe !

— Comme il vous plaira.

— Combien de temps as-tu mis à te rendre d’ici à Hermosillo ?