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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/41

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Son arrivée fut saluée par d’unanimes acclamations ; tous ses anciens camarades éprouvèrent un véritable plaisir à le revoir ; tous l’aimaient.

Dès ce moment, il redevint Basque et montagnard : il reprit le costume national, se mêla à toutes les parties de longue paume, fut de toutes les danses et de toutes les cérémonies.

En l’apercevant, Denisà avait poussé un cri de joie et s’était jetée dans ses bras en pleurant ; la pauvre enfant n’avait pas cessé de penser à lui. Elle le lui avoua naïvement sans songer à cacher le bonheur qu’elle éprouvait à le voir de retour.

La jeune fille avait précieusement conservé au fond de son cœur le trésor précieux de son amitié d’enfance ; seulement, cette amitié s’était, à son insu, changée tout naturellement en un amour profond, au fur et à mesure que l’enfant se transformait et devenait femme.

Ce ne fut qu’en revoyant ce beau et fier jeune homme, dont elle s’était séparée cinq ans auparavant, avec une douleur enfantine, qu’elle comprit combien elle l’aimait maintenant.

Julian, de son côté, avait senti se raviver tous ses souvenirs passés ; et, aux battements précipités de son cœur, il reconnut avec une joie mêlée d’un peu de tristesse, car il se méprenait aux sentiments que lui témoignait la chaste et pure enfant, il reconnut, disons-nous, qu’il n’avait jamais aimé qu’elle, et que cet amour qu’il éprouvait maintenant, il l’avait, dès le premier jour qu’il avait connu Denisà, éprouvé avec la même force et la même sincérité ; seulement il dormait au fond de son cœur.

Tant d’événements s’étaient passés depuis cinq ans ! Les études auxquelles il s’était livré, les nombreuses distractions de la vie parisienne avaient refoulé cet amour au fond de son cœur, où peut-être il serait demeuré enfoui longtemps encore, sinon toujours, si le hasard ne l’avait remis de nouveau à l’improviste en présence de la jeune fille.

La vie de l’homme est tellement occupée ; tant de pen-