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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/424

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Plus tard, quand on leur demandait des nouvelles de leur fille, ils répondaient imperturbablement :

« Elle fait l’expédition du Mexique avec le docteur d’Hérigoyen et sa fille ! »

Et cela les posait bien dans le quartier.

Ils étaient presque devenus des personnages aux yeux de leurs nombreuses connaissances.

Quatre jours après son arrivée au Havre, Denizà s’embarqua sur un joli trois-mâts de six cents tonneaux, très fin voilier, nommé la Belle-Adèle, et dont elle était la seule passagère.

Le navire était frété par elle.

Le voyage se prolongea.

Il dura trois mois et demi à cause des mauvais temps et des vents contraires.

La jeune femme fut assez malade pendant les premiers jours ; mais elle revint bientôt a la santé.

Nous n’insisterons pas sur les détails de la traversée, mais que ses auditeurs obligèrent la jeune femme à leur raconter.

Le lendemain de son arrivée à l’hacienda de la Florida, où elle avait reçu le plus charmant et le plus hospitalier accueil de la part de don Cristoval et de dona Luisa, la jeune femme avait eu la joie de voir arriver le docteur d’Hérigoyen, escorté par un peloton de vingt chasseurs d’Afrique, autant de chasseurs à pied et une trentaine de guerilleros mexicains alliés.

Ce fut un grand bonheur pour Denizà et le docteur de se revoir après une aussi longue séparation.

Ils avaient une foule de choses à se dire et à se raconter.

Ce fut alors seulement que la jeune femme apprit en frémissant de terreur rétrospective les commencements malheureux de l’expédition :

Les dangers terribles courus par le docteur dans les ambulances de la Vera-Cruz lorsqu’il combattait la fièvre jaune, qui décimait nos malheureux soldats et les tuait en quelques heures.