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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/428

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— Non dit la comtesse avec force ; ce n’est pas du courage, mais de la patience qu’il faut, de la patience pour quelques heures seulement.

— Que voulez-vous dire ? s’écria vivement la jeune femme, avec un regard brûlant.

— Croyez-vous que je me sois contentée d’appeler ? Non pas ; j’ai mis à la poursuite des deux chasseurs trois éclaireurs comanches, les plus habiles batteurs d’estrade de la savane. Ils m’ont juré qu’ils les retrouveraient, et je compte sur leur promesse.

— Mais Julian consentira-t-il à revenir après vous avoir quitté ainsi ? reprit la jeune femme, dont l’espoir s’était presque éteint.

— Rassurez-vous, mignonne, répondit doucement la comtesse, il reviendra ; ce soir peut-être, il sera ici.

La jeune femme hocha tristement la tête.

— Vous doutez ? reprit la comtesse.

— Non, ma sœur, non je ne doute pas, je crains. Julian est un caractère fier et décidé, il ne fait jamais rien sans y avoir longtemps réfléchi ; il ne change jamais une résolution prise. Oh, je le connais bien !

— Soit, ma toute belle, reprit en souriant la comtesse, mais cette fois il reviendra, je vous l’affirme, j’en suis certaine, et voici pourquoi un de mes batteurs d’estrade est chargé de lui remettre un billet de moi.

— Un billet ?

— Oui, dans lequel je lui annonce que je redoute un danger prochain, et que je le supplie d’accourir à mon aide.

— Oh ! s’il en est ainsi, il reviendra ! s’écria Denizà en souriant de bonheur.

— C’était le seul moyen de le ramener, dit joyeusement le docteur.

— N’est-ce pas ? Voyez, le soleil se couche ; bientôt il fera nuit. Patience donc, avant une heure Julian sera ici, je vous le promets.

— Dieu le veuille ! s’écria Denizà.

En ce moment la porte s’ouvrit et dona Luisa parut.