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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/430

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Ce qui produisait un effet bizarre et véritablement saisissant.

Çà et là se trouvaient des panoplies, sur lesquelles étaient placées avec goût toutes les armes en usage dans ces régions sauvages, mêlées aux merveilles en ce genre des contrées civilisées.

Une immense table en fer à cheval occupait tout le milieu de cette vaste salle.

Cette table, assez large, en acajou massif, avait dû être construite sur place.

Aucune force humaine n’aurait pu la soulever.

Le haut de la table reposait sur une estrade surélevée d’un mètre, à laquelle on arrivait par trois marches. Un riche tapis garnissait l’estrade et recouvrait le sol.

Les deux ailes de la table étaient donc en contre-bas. Elles étaient garnies de bancs à dossiers en acajou.

Sur l’estrade, il n’y avait que des fauteuils, dont un plus élevé que les autres, celui du maître de la maison.

Là, le service était en vieille argenterie massive, disposée, plats, assiettes, verres, carafes et bouteilles, sur une nappe ouvrée en toile de Flandre.

En bas, le service était en porcelaine, et au bas bout en simple terre de pipe ; il n’y avait pas de nappe.

Dix lustres en cristal tombant du plafond et garnis de bougies servaient à l’éclairage, en collaboration avec deux candélabres en argent à neuf branches, posés à chaque coin de la table de l’estrade, et une douzaine de candiles accrochés à droite et à gauche sur la muraille.

Cette salle à manger, ainsi garnie et éclairée, offrait un aspect véritablement féerique.

Don Cristoval de Cardenas, de marne que la plupart des hacienderos de la frontière, avait conservé la coutume de prendre ses repas au milieu de ses serviteurs les plus immédiats : ceux qu’on nomma la famille, parce que tous appartiennent, depuis longues années, à la maison, et ont, à cause de leurs bons services, en possession de toute la confiance du maître.