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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/432

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Les serviteurs boivent de l’eau, du pulque de la chicha et du guarapo ; les maîtres, des vins d’Espagne et de France, mais seulement en petite quantité.

Les Mexicains, comme toutes les races méridionales, sont généralement très sobres.

L’haciendero, par considération pour ses hôtes étrangers, avait fait placer devant eux du vin de France : bordeaux et bourgogne de choix, et des carafes d’eau glacée.

Le souper, malgré les efforts de l’haciendero pour l’égayer, fut assez triste.

Denizà et la comtesse étaient préoccupées.

Elles ne répondaient que par monosyllabes aux questions que leur adressait don Cristoval.

Denizà, comme malgré elle, admirait ces mœurs patriarcales, qui lui rappelaient sa patrie.

Puis elle songeait à son fiancé, et elle devenait subitement songeuse.

Après une heure, le mayordomo se leva.

Tous les serviteurs l’imitèrent.

Depuis quelques instants, ils avaient terminé leur repas.

Le chapelain quitta son siège sur l’estrade, alla se placer au milieu de la table et prononça ses Grâces, les serviteurs répétèrent Amen !

Puis les portes s’ouvrirent, et les serviteurs sortirent sans plus de bruit qu’ils en avaient fait en entrant.

Le chapelain reprit sa place et se remit à manger comme si de rien n’était.

Quant au mayordomo, contrairement à ses habitudes, il avait accompagné les serviteurs dans leur retraite.

L’haciendero frappa dans ses mains.

Une porte s’ouvrit derrière l’estrade : des peones entrèrent, enlevèrent les plats, disposèrent le dessert et apportèrent plusieurs bouteilles de Champagne.

Avec le dessert, la contrainte sembla disparaître.

Les convives s’animèrent, on haussa la voix, et la conversation devint bientôt générale.

Naturellement, on parla politique.