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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/449

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— En conservant l’honneur sauf, bien entendu.

— Je ne comprends pas bien où vous voulez en venir, mon père.

— À ceci tout simplement : que, sans vous présenter aux autorités françaises, Bernardo et toi, tout en conservant la liberté de vos opinions, vous pouvez vous engager à ne rien faire contre le gouvernement établi, tant qu’il existera, et de ne vous occuper en aucune façon de politique active. Il vous sera d’autant plus facile de prendre cet engagement, que jusqu’à l’heure néfaste où vous avez été condamnés, jamais ni l’un ni l’autre vous n’aviez songé à la politique. C’est donc une déclaration sans importance ; je la rédigerai moi-même, et vous ne la signerez qu’après l’avoir lue et approuvée. Le général français qui commande à Urès est un de mes vieux amis d’Afrique, sur lequel je puis entièrement compter ; l’affaire ira donc toute seule ainsi.

— Pardon, mon père, dit Julian, cependant il me semble que si…

— Laisse parler notre père, dit Denizà avec un délicieux sourire ; tout ce qu’il dit est très bien.

— Et elle lui ferma la bouche avec ses mains charmantes.

Le jeune homme se tut, enchanté de pouvoir, tout à son aise, couvrir de baisers les mains mignonnes de sa fiancée.

Le docteur reprit en souriant :

— Cette formalité sera la seule que l’on exigera ; c’est bien peu de chose, n’est-ce pas ?

— En effet, mon père, répondit vivement Denizà, pour elle et pour Julian.

— Seulement, j’inviterai le général X… à votre mariage, et lorsque les présentations auront été faites, vous lui répéterez de vive voix l’engagement que vous aurez pris par écrit, cela vous convient-il ainsi ? croyez-vous pouvoir accepter ces conditions ? réponds, Julian.

— Certes ! s’écria joyeusement Denizà, car notre honneur sera sauf.