Aller au contenu

Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/52

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avait voulu l’interrompre ; mais il s’était arrêté comme malgré lui, dominé par l’accent du jeune homme et subissant, à son insu, l’influence des paroles qu’il entendait.

Mais, loin de réfléchir et de rentrer en lui-même, sa fureur n’avait fait que s’accroître ; la haine grondait au fond de son cœur contre cet ennemi qu’il avait jugé si méprisable et qui venait de se dresser si fièrement devant lui. Aussi, dès que jeune homme se tut, il fit un geste comme pour se ruer sur lui, et, d’une voix étranglée par la rage :

— Ce que je veux ! s’écria-t-il ; je veux te tuer !

Julian sourit.

— Ainsi nous nous battons, dit-il de l’air le plus tranquille.

— Oui, jusqu’à ce que l’un de nous reste sur la place.

— Alors voici ce que je propose, nous jetterons nos couteaux ; le couteau est l’arme de l’assassinat, et ceci est un duel.

— Mais…

— Ah ! pas un mot ; c’est toi qui me provoques, j’ai le droit de choisir les armes et de régler les conditions du combat.

— C’est juste ! dirent tous les témoins d’une seule voix.

— Soit ! grommela Felitz, contraint de se courber devant le sentiment général.

— Nous ne conserverons que nos bâtons, dont chacun de nous sait se servir ; nous sommes Basques, le bâton est notre arme ordinaire : nous pourrons aussi user, à notre gré, de nos pieds et de nos poings comme nous l’entendrons, et sans que les témoins puissent nous adresser des reproches ou intervenir entre nous.

— C’est convenu, dirent les témoins.

— C’est convenu, répéta Felitz d’une voix sourde, est-ce tout ?

— Deux mots encore.

— Sois bref, j’ai hâte d’en finir avec toi !

— Bon, sois tranquille, tu ne m’échapperas pas, dit Julian d’une voix railleuse, je reprends ; chacun de nous