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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/74

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rée et les sourcils froncés, réfléchissait profondément ; la nuit entière s’écoula sans qu’elle se laissât, pendant une seconde, aller au sommeil ; ce ne fut qu’aux premières lueurs de l’aube qu’elle s’assoupit enfin.

Du reste, la nuit avait été tranquille ; aucun incident fâcheux n’était venu rompre le calme profond de l’hôtel.

Au point du jour, la jolie Clairette entr’ouvrit les yeux en souriant, bâilla deux ou trois fois en montrant les plus jolies dents du monde ; puis elle sortit, en faisant le moins de bruit possible, de son lit improvisé, s’habilla en un tour de main, s’approcha à pas de loup du lit où reposait sa maîtresse, afin de s’assurer qu’elle dormait, puis, enlevant prestement du sopha ce qui lui avait servi à se faire un lit, elle sortit légèrement de la chambre.

Vers dix heures du matin, la marquise s’éveilla, calme et reposée. Les quelques heures de sommeil qu’elle avait prises avaient suffi pour rendre à son esprit toute sa lucidité et la remettre dans son état normal.

Elle promena un regard clair et investigateur autour d’elle, et un sourire mélancolique crispa ses lèvres tandis qu’un soupir soulevait sa poitrine.

Elle sonna.

Clairette, sans doute, n’était pas loin ; elle entra aussitôt.

— Vous sentez-vous mieux, maîtresse ? dit-elle en s’approchant vivement du lit.

— Oui, le sommeil m’a fait du bien ; mais j’ai dormi plus tard que je ne l’aurais voulu.

— Bah ! il est à peine dix heures ; ordinairement vous ne vous levez jamais avant midi.

— C’est vrai ; mais aujourd’hui j’ai beaucoup de choses à faire. A-t-on été chercher le docteur d’Hérigoyen ?

— Antoine est parti depuis longtemps.

— Alors, il ne peut tarder à arriver. Hâte-toi de m’habiller ; je ne veux pas le recevoir au lit : je ne suis plus assez malade pour cela !

— Que voulez-vous mettre, maîtresse ?