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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/117

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— J’en suis sûr ; don Cristoval leur a promis une once d’or à chacun après la bataille ; les plus à redouter pour nous sont les chasseurs amenés par la comtesse de Valenfleurs.

— C’est vrai, mais ils sont une poignée d’hommes.

— Dix-huit en tout, Cœur-Sombre et la Main-de-Fer compris.

— Peuh ! nous en viendrons à bout.

— Je le crois, d’autant plus que si je suis bien informé, ils ont très peu de munitions ; c’est à peine si don Cristoval de Cardenas a pu se procurer deux cents livres de poudre, les Français ayant prohibé sur la frontière la vente des armes et des munitions de guerre.

— Quel est leur plan de défense ?

— Très simple : ils redoutent une attaque surtout du côté de la rancheria, à cause des grands amas de poudre d’or et des lingots d’argent qu’elle renferme.

— Que dites-vous donc-là ? interrompit vivement le Mayor, ils ont de la poudre d’or et des lingots d’argent ?

— Vous l’ignoriez ?

— Complètement.

— C’est singulier ; il faut que vous sachiez que je me suis introduit dans l’hacienda sous un costume de vaquero ; personne n’a fait attention à moi, d’autant plus que j’ai eu soin de ne pas me laisser voir, ni par les chasseurs, qui auraient pu me reconnaître, ni par l’haciendero : j’ai donc passé là trois jours sans qu’on ait soupçonné ma présence, ce qui m’a permis de tout voir et de tout entendre sans être inquiété. Depuis l’arrivée des Français sur la frontière, don Cristoval, craignant probablement que ces convois fussent enlevés par les maraudeurs français, a pris la résolution d’emmagasiner les produits de ses mines d’or et d’argent, au lieu de les expédier à Hermosillo et de là à Guyamas ainsi qu’il le faisait avant la guerre ; de sorte qu’il a, bien malgré lui, d’immenses richesses amoncelées à la rancheria. Aussi deux cents de ses plus braves vaqueros doivent-ils défendre la