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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/131

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— Enfin, il est mort ; que le diable ait son âme ! C’est égal, je le regrette. Comme je vous l’ai dit, pas un mot à Calaveras.

— Soyez tranquille, Mayor, je serai muet.

— Merci. Ah ! voici notre homme, parlons d’autre chose. Quelle singulière tournure il a à cheval !

— Le fait est qu’il n’est pas élégant, répondit Navaja en riant.

Les deux hommes étaient arrivés à l’entrée du camp, tout juste pour assister à l’arrivée de la cuadrilla, si singulièrement commandée par Calaveras.

Les cavaliers avaient assez bonne apparence ; mais, ainsi que Navaja l’avait annoncé au Mayor, les nouveaux venus, malgré leurs efforts, faisaient très piteuse mine auprès des hommes du Mayor.

Le bandit ne laissa rien paraître sur son visage de la mauvaise opinion qu’il conçut de ces nouveaux aventuriers ; au contraire, il prit son air le plus riant, alla au-devant de Calaveras, le félicita sur la bonne tenue de ses hommes, l’aida à mettre pied à terre, lui serra affectueusement la main et, passant son bras sous le sien, il l’entraîna de la façon la plus amicale vers le jucal, en le remerciant de lui avoir si bien tenu parole.

Felitz Oyandi faisait la roue à tous ces compliments.

Il riait et se redressait avec importance, en homme qui se croit indispensable.

— J’espère que cette fois, tu ne m’objecteras pas que tu manques de monde ? dit-il avec un sourire railleur au Mayor qui, lui aussi, riait dans sa barbe.

— Non, mon ami, tu m’as trop fermé la bouche pour que je te fasse la moindre observation, répondit celui-ci.

— Tu n’en as pas à me faire, reprit vivement le manchot : je t’avais promis cinquante hommes, tu t’en souviens, n’est-ce pas ?

— Parfaitement.

— Je t’en amène plus de deux cents ; je crois que c’est beau, cela ?