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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/134

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— Tu m’ennuies à la fin : veux-tu déjeuner ; tu vois, nous sommes servis.

— Je ne demande pas mieux, je meurs de faim.

— Tant mieux ; seulement, si tu tiens à m’être agréable, tu changeras de conversation, hein ?

— Parbleu ! je n’ai plus rien à te dire. Dimanche tu verras ; voila tout.

— Encore !

— Non, c’est fini. Mettons-nous à table.

— Vous déjeunez avec nous, n’est-ce pas, Navaja ?

— Avec plaisir, Mayor.

Les trois convives s’assirent alors autour d’une table admirablement servie.

— À propos, dit Felitz Oyandi la bouche pleine ; où donc est Sebastian ? Tu me l’avais annoncé et je ne l’ai pas vu.

— C’est vrai, répondit imperturbablement le Mayor, en jetant un regard à la dérobée à Navaja ; il est parti il y a deux jours pour un voyage qu’il n’a pu remettre, et qui, je crois, durera assez longtemps, n’est-ce pas, Navaja ?

— Oui, dit celui-ci, je crois que nous resterons fort longtemps sans recevoir de ses nouvelles.

— Est-ce pour affaires qui nous regardent ? demanda Felitz Oyandi avec intérêt.

— Tout particulièrement, répondit le Mayor avec un sourire d’une expression singulière ; cette mission ne pouvait pas être confiée à un autre que lui.

— Le fait est, reprit Felitz Oyandi, que ce démon de Sebastian a un talent particulier pour les missions scabreuses.

— Et celle-ci l’est considérablement, s’écria le Mayor en riant.

— Il est certain, ponctua Navaja, que s’il réussit, il ne sera pas maladroit.

Felitz Oyandi n’était pas un sot ; il comprenait vaguement que ses deux compagnons se moquaient de lui, bien qu’il ne devinât pas le but de cette plaisanterie prolongée à propos de Sebastian, auquel, quoi qu’il en eût dit, il ne