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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/140

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D’ailleurs, il convint avec lui-même que sa position était tellement précaire déjà, à cause de la partie qu’il avait secrètement engagée contre le Mayor, que sa vie ne tenait plus, pour ainsi dire, qu’à un fil, et qu’il ne risquait pas davantage, en ajoutant les chances bonnes ou mauvaises de cette nouvelle affaire à celles dans laquelle il était depuis longtemps engagé.

Navaja en était là de ses réflexions ; sa résolution était prise, lorsqu’un bruit assez fort se fit entendre à l’entrée du camp.

Tout en causant, le Mayor et son ami avaient peu à peu baissé la voix, de sorte que, depuis quelques instants, ils parlaient si bas que Navaja ne pouvait plus rien entendre.

Au bruit, ils s’interrompirent et levèrent brusquement la tête.

— Qu’y a-t-il donc ? demanda le Mayor en se tournant vers Navaja.

Celui-ci, bien qu’il eût parfaitement entendu la question, se garda bien de répondre.

Debout sur le seuil du jacal, il semblait regarder attentivement au dehors.

Le Mayor répéta sa question en haussant le ton.

Navaja se retourna.

— Que demandez-vous, Mayor ? dit-il.

— Je vous demande ce qui se passe. Est-ce que vous êtes sourd ?

— Pas le moins du monde, Mayor, mais le bruit m’empêchait d’entendre. Une troupe assez nombreuse de cavaliers vient d’entrer dans le camp

— Que diable cela peut-il être ? dit le Mayor en se levant : je n’attends plus personne, que je sache ?

— Ces cavaliers sont au moins une cinquantaine : ils paraissent être des coureurs de bois ; ils ont des guerriers Peaux-Rouges avec eux.

— C’est bizarre, dit Felitz Oyandi. Voudraient-ils nous proposer quelque association ?

— Ce n’est pas probable, répondit le Mayor ; nous ne sommes guère amis, les Coureurs des bois et nous.