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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/142

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Le Mayor hocha la tête et parut réfléchir.

— C’est singulier, murmura-t-il entre haut et bas, que peuvent me vouloir ces hommes ?

— Je l’ignore, Mayor, dit le Lingot.

Le bandit tressaillit, et fixant son œil louche sur l’aventurier d’un air de mauvaise humeur.

— Qui te parle, animal ! lui dit-il rudement ; décampe au plus vite et va exécuter mes ordres.

Le Lingot ne se fit pas répéter cette injonction, et il s’éloigna encore plus rapidement qu’il était venu.

Le Mayor frappa dans ses mains, et il ordonna aux deux aventuriers qui parurent à cet appel de faire disparaître les restes du déjeuner et de tout remettre en place dans le jacal.

Ordre qui fut exécuté aussitôt avec une rapidité extrême.

Le sultan de Delhi, ou le roi de Dahomey, ne sont pas obéis avec plus de promptitude et de soumission que ne l’était ce chef de bandits dans son camp.

Bientôt on vit les trois Coureurs des bois et les deux Sachems Comanches se diriger vers le jacal.

Le Mayor remarqua que la troupe nombreuse des chasseurs et des Comanches était restée massée en bon ordre à l’entrée du camp, de façon, si besoin était, à opérer leur retraite sans que les aventuriers pussent s’y opposer.

Examinant alors la savane avec sa longue-vue, le Mayor fronça le sourcil.

Il avait aperçu à l’orée d’un bois assez éloigné plusieurs cavaliers immobiles, et semblant être les sentinelles avancées d’un corps nombreux de chasseurs.

Il repoussa d’un geste fébrile les tubes de sa longue-vue les uns dans les autres, mais il ne dit rien.

Seulement, comme les chefs se rapprochaient, il ordonna d’un geste à Felitz Oyandi et à Navaja de le suivre, et il descendit l’éminence pour aller au-devant des arrivants.