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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/146

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— Vous n’êtes ni notre ami ni notre ennemi, señor ; nous ne vous connaissons pas ; vos affaires ne nous regardent point ; nous sommes envoyés vers vous, voilà tout. Quant à rester dans votre camp, aussitôt notre mission accomplie, c’est-à-dire quand vous nous aurez répondu, c’est autre chose : nous nous retirerons, mais nous attendrons pour partir que vous ayez écouté ce que les Sachems Comanches, nos alliés, et la Main-Ferme appuya sur le mot, ont à vous dire de la part des Chefs de leur nation.

— En effet, dit le Mayor avec ironie, j’avais oublié ces dignes Chefs.

Et, se tournant vers eux, il ajouta :

— Et vous, Sachems ; qu’avez-vous à me dire ? Venez-vous vers moi en amis ou en ennemis ? Expliquez-vous en peu de mots, je vous prie ; mes instants sont trop précieux pour que je les perde en bavardages inutiles.

Ces paroles avaient été prononcées en langue comanche, que le Mayor parlait très bien.

— Les Sachems ne sont pas des vieilles femmes bavardes, répondit sèchement un des Sachems. Moi, le Grand-Bison et mon frère l’Opossum, au nom des Comanches des lacs et des Comanches des prairies et de leurs alliés, tant Peaux-Rouges que visages pâles et sang-mêlés, nous vous déclarons à vous, le Vautour-Fauve des savanes, que vous avez manqué sciemment à tous les traités que vous avez conclu avec nous ; que vous êtes un chien, un lapin, un voleur et un homme sans foi ; que, ne voulant pas être plus longtemps dupes de toutes vos fourberies, nous avons déterré la hache contre vous ; que, dès ce moment, cinq cents guerriers sont sur votre piste, et qu’à la huitième lune ces guerriers seront quatre fois plus nombreux, et voici la preuve que ce que je vous dis est vrai.

En prononçant ces dernières paroles, le Sachem retira de dessous sa robe de bison un paquet de flèches ensanglantées et attachées ensemble par une peau de serpent,