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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/189

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pouiller de ce qu’ils possèdent. Rassurez-vous ; nous sommes sur nos gardes, l’hacienda est fortifiée et littéralement bourrée de défenseurs résolus et dévoués. Vous n’avez donc rien à redouter ; quand je vous ai quittée si brusquement à la sortie de l’église, c’était parce que dans la foule pressée autour de nous, j’avais reconnu un de ces bandits ; je l’ai arrêté moi-même et livré au général X… ; savez-vous quel est ce misérable ? c’est Felitz Oyandi.

— Mon Dieu ! s’écria la jeune femme pâlissant à ce nom détesté.

— Rassure-toi, mon ange bien-aimé, nous n’avons plus rien à redouter de cet homme ; mais son complice est libre, lui, et il est à la tête d’une nombreuse troupe de bandits ; et cette nuit, j’en ai la certitude, nous serons attaqués. Je suis chargé de la défense de l’hacienda : mon devoir passe avant mon bonheur. Je veux sauver nos hôtes, qui toujours ont été si bons et si dévoués pour nous.

— Accomplis ton devoir, mon Julian, dit-elle avec une vive émotion, mais le sourire sur les lèvres et la voix à peine tremblante. Moi, je saurai aussi accomplir le mien, en souriant et feignant d’être gaie, heureuse, pendant que j’aurai la mort dans le cœur. Souviens-toi seulement que si tu meurs, je mourrai aussi, car tu es ma vie…

— Ne crains rien, ma chérie, ton amour me protégera ; d’ailleurs, je te l’avoue en confidence, les dangers que je courrai ne seront pas bien grands, ne conserve donc aucune inquiétude sur mon compte.

— N’essaie pas de me rassurer, mon Julian, je suis forte ; je prierai Dieu qu’il te protège.

Ils échangèrent un serrement de main furtif, et ce fut tout.

Ces deux généreux cœurs s’étaient compris.

On se leva enfin de table et on passa dans le jardin, où don Cristoval avait fait servir le café.

Julian, libre désormais, ne s’occupa plus que de la dé-