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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/242

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tique attention, ces délicieux badinages et ces émotions contenues, qui sont les plus agréables prolégomènes du véritable amour.

— Nous les marierons, disait en souriant Julian à Denizà, et ainsi nous serons tous heureux.

— Je le désire sincèrement, répondait la jeune femme sur le même ton ; ils semblent véritablement faits l’un pour l’autre.

Le temps s’écoulait ainsi, et malgré sa longueur relative, la traversée paraissait courte aux passagers.

Le temps continuait à être beau et la brise favorable.

La Belle-Adèle relâcha pendant quelques jours à Talcahueno, port du Chili fort commerçant, où les bâtiments font leurs derniers préparatifs pour doubler le cap Horn.

On prit des vivres frais ; puis on remit à la voile et la Belle-Adèle mit le cap sur ce détroit si redouté des navigateurs, et que cependant le navire doubla dans les plus excellentes conditions, et en rasant presque l’extrémité de la Terre-de-Feu.

Armand de Valenfleurs et tous les passagers s’amusèrent beaucoup à voir les pingouins, groupés sur les rochers et se promenant avec une gravité véritablement magistrale.

Vus ainsi de loin, ces singuliers oiseaux amphibies avaient véritablement l’apparence grotesque d’hommes nains, d’une taille presque lilliputienne, les plus grands ne dépassant pas deux pieds de haut.

Nous avons oublié de mentionner un fait singulier qui avait eu lieu, au moment où les voyageurs arrivés à Guaymas se préparaient à descendre dans l’embarcation envoyée par le capitaine Petit pour les transporter à bord de la Belle-Adèle.

Tout à coup on aperçut un cavalier accourant à toute bride.

Poussé par une espèce de pressentiment, Bernardo s’élança au-devant de ce cavalier, presque invisible au milieu de l’épais nuage de poussière soulevé par sa course rapide.