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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/250

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— Parfaitement, je m’en suis assuré, en changeant de bord plusieurs fois : il a imité toutes nos manœuvres, il n’y a plus de doutes à avoir, nous sommes chassés ; je me défiais de quelque chose dans ces endiablés débouquements.

— C’est juste, vous m’aviez prévenu ; j’ai, moi aussi, aperçu ce navire ; mais depuis le coucher du soleil, il a disparu.

— Parce qu’il est sous le vent du Caïman ; mais, avant une heure, vous le reverrez.

— Croyez-vous pouvoir lutter de vitesse avec lui ?

— J’en doute, la Belle-Adèle est sans contredit un navire marchant bien, mais ce démon file comme une bonite ; il nous battra main sur main ; avant minuit, il sera dans nos eaux, si nous ne réussissons pas à lui donner le change.

— Qu’espérez-vous, alors ?

— Gagner du temps, pas autre chose : nous sommes ici sur le passage des navires de guerre, il y en a beaucoup en ce moment qui vont au Mexique et qui en reviennent ; si nous avons la chance d’en rencontrer un, nous nous mettrons sous sa protection.

— C’est bien chanceux !

— Je le sais, mais qu’y faire ?

— Quel est le chiffre exact de votre équipage ?

— Quatre-vingt-douze hommes, vous et vos deux amis compris.

— Vos hommes se battront-ils ?

— Comme des démons, je réponds d’eux.

— Eh bien, à mon avis, voici ce qu’il faut faire.

Et en quelques mots, Julian lui expliqua le plan qu’il avait conçu, et il termina en lui disant :

— Approuvez-vous ce plan ?

— Des deux mains ; mieux vaut en finir une fois pour toutes. Comptez sur moi.

— Parbleu ! seulement, le moment venu, avertissez-moi.

— Ne craignez rien pour les dames, leur appartement