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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/252

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La nuit était magnifique.

La lune, flottant dans l’éther, répandait une clarté douce qui permettait de parfaitement distinguer les plus petits objets même à une grande distance.

Ainsi que le capitaine Petit l’avait prévu, le sloop chasseur n’avait pas tardé à émerger de l’ombre et à dessiner de nouveau sa noire silhouette sur l’horizon.

C’était un bâtiment de médiocre grandeur.

Il était couvert de toile.

Il avait une brigantine lui servant de grand’voile, une trinquette et deux focs, ce qui était porter trop de voiles pour la brise qui soufflait.

Il arrivait avec la rapidité de la foudre.

Il avait deux embarcations légères à la remorque.

Le capitaine calcula que sur le sloop, et dans les deux embarcations, il devait y avoir au plus une cinquantaine d’hommes.

En effet, tout compris, les pirates n’étaient que quarante-sept, serrés les uns contre les autres et pouvant à peine se remuer.

Ils étaient armés de sabres, haches et revolvers.

Le bâtiment n’avait même pas un pierrier.

Le pirate avait été complètement trompé par la manœuvre de la Belle-Adèle : son indécision apparente, ses continuels changements de manœuvre lui avaient fait supposer que le bâtiment était sans défense.

Quand il le revit après le coucher du soleil faisant bonne route, sous petite voilure, il se persuada que la disparition momentanée du pirate lui avait fait supposer qu’il avait commis une erreur en se méfiant du sloop.

Les nombreuses embardées du navire furent pour lui une preuve évidente que la Belle-Adèle n’avait qu’un homme à la barre à moitié éveillé et que le reste de son équipage dormait à poings fermés dans son logement.

Joan était à bord du sloop.

C’était lui qui le premier avait reconnu la Belle-Adèle.

Il avait averti son chef que l’équipage était nombreux.

Mais comme le capitaine Petit avait mis son armement