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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/254

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et vint si rapidement au vent, qu’il passa sur les deux lanchas qui furent instantanément englouties, ainsi que les hommes qu’elles avaient encore à leur bord.

En même temps, l’avant du navire se couvrit de monde, et une fusillade furieuse éclata contre les pirates accrochés dans les manœuvres, et qui, retenus par les filets d’abordage, essayaient vainement de sauter à bord de la Belle-Adèle.

Ce ne fut pendant quelques instants qu’un brouhaha indescriptible, de cris de rage, de blasphèmes et d’acclamations, mêlés au bruit incessant de la fusillade, au retentissement sec des pierriers tirant à mitraille sur les pirates qui essayaient de se sauver à la nage, et des deux canons foudroyant à la fois le troisième canot, qui fut coulé, et le sloop qui essayait vainement de prendre chasse pour se mettre au plus vite à l’abri de l’ouragan de fer qui s’abattait sur lui sans relâche.

À demi naufragé, son mât coupé au ras du pont, le sloop avait armé tous ses avirons de galère.

Mais il était peu probable qu’il réussit à regagner son ancrage de Regla, car il se soutenait à peine sur l’eau, et avait de graves avaries au-dessous de la ligne de flottaison.

Quant aux pirates, sur lesquels les pierriers continuaient à faire rage, ils se débattaient en vain au milieu des flots et disparaissaient les uns après les autres.

Telle fut l’attaque des pirates contre le trois-mâts français et le succès qu’elle obtint.

D’ailleurs, cette malencontreuse échauffourée, mal conçue et plus mal exécutée, était condamnée d’avance.

Elle devait misérablement avorter.

La lutte, s’il est permis de lui donner ce nom, dura à peine un quart d’heure.

L’équipage de la Belle-Adèle n’eut ni morts ni blessés.

Les pirates n’avaient même pas pu faire usage de leurs armes.