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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/280

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sorte que les trois hommes étaient contraints de se courber presque en deux.

Puis ils tournaient ou franchissaient des éboulements, les uns anciens et d’autres récents.

D’autres fois, ils semblaient revenir sur leurs pas, tourner sur eux-mêmes dans un même cercle ; il leur fallait monter, descendre, pour remonter et redescendre encore, et, cela, presque continuellement.

Malgré tout leur courage, le Loupeur et Fil-en-Quatre, nullement accoutumés à faire de semblables pérégrinations dans des parages aussi excentriques, se sentaient le cœur serré.

Cette solitude, ce silence de plomb, que seul troublait le bruit de leurs pas, les glaçait.

Ils étouffaient sous cette voûte, qui pesait sur eux comme une machine pneumatique : l’air manquait ; ils haletaient.

Ils marchaient, silencieux et mornes, derrière leur guide, qui, sans doute accoutumé a faire ce long trajet, sifflait insoucieusement entre ses dents cette ineptie nommée le Pied qui r’mue, dont la vogue était à son apogée à cette époque.

Ils marchèrent ainsi pendant plus d’une heure et demie.

Ils étaient complètement désorientée, et ne savaient plus de quel côté ils se dirigeaient.

Ils ne pensaient plus, ils allaient machinalement derriere leur guide.

En effet, rien n’est plus effrayant et démoralisant qu’une longue course, faite ainsi à une grande profondeur sous terre ; et les deux hommes se trouvaient à cent-dix pieds sous le sol de la ville.

Depuis environ vingt minutes, ils montaient une pente assez rapide.

Tout à coup leur guide obliqua à droite, s’engagea dans une nouvelle galerie, continua à marcher encore pendant quelques instants ; puis il s’arrêta, et jeta un regard autour de lui, comme pour mieux voir.