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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/284

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Les deux hommes s’éloignèrent et disparurent presque aussitôt derrière la maison.

Alors le Loupeur, se conformant aux instructions de Caboulot, frappa deux coups espacés.

La porte s’ouvrit immédiatement et un grand laquais en livrée se présenta.

— Il est bien tard ? dit-il.

— Jamais, quand la lune est couchée, répondit le bandit.

— Votre nom ?

— Le Loupeur.

— D’où venez-vous ?

— De Bourg-en-Bresse, par la traverse.

— C’est bien ; suivez-moi.

Le Loupeur entra.

La porte se referma sur lui, et il suivit son nouveau guide.

Après avoir traversé plusieurs pièces somptueusement meublées, mais dont toutes les fenêtres étaient garnies de volets intérieurs solidement fixés, le valet s’arrêta dans une espèce d’antichambre.

— Vous savez que j’ai l’ordre de vous bander les yeux ? dit-il.

— Non, je ne le savais pas ; mais c’est égal, faites comme si je le savais, répondit le Loupeur.

— Y consentez-vous ?

— Il le faut bien ; puisque je ne puis faire autrement, fit-il avec un mouvement d’épaules.

— Alors ?

— Allez-y gaiement, mon bonhomme ; il n’y a pas de soin, comme dit Fil-en-Quatre.

Le valet lui enleva sa casquette, que le Loupeur mit dans sa poche, puis il le coiffa d’un énorme sac d’étoffe noire, percé à la hauteur de la bouche et des narines seulement, et qu’il lui noua solidement autour du cou.

— Voilà qui est fait, dit-il.

Le Loupeur était complètement aveugle et presque sourd.