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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/29

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Presque aussitôt la silhouette noire d’un homme s’encadra dans la porte ouverte et resta un moment immobile, comme si l’inconnu hésitait à entrer, le corps à demi tourné vers le dehors.

Julian pensa que le moment d’agir était venu, il épaula sa carabine et mettant en joue l’inconnu, il lui cria d’une voix ferme et menaçante mais contenue, car il ne voulait donner l’alarme qu’à la dernière extrémité :

— Qui vive ! répondez, ou vous êtes mort !

— Oh ! on fait bonne garde, dit l’inconnu d’un ton de bonne humeur, tant mieux ! ne tirez pas ; je suis un ami, ño Ignacio Torrijos.

— Ah ! pardieu ! s’écria le chasseur en désarmant sa carabine et s’avançant vers le mayordomo, voilà une excellente surprise. Soyez le bienvenu, ño Ignacio ; je vous attendais avec une vive impatience.

— Eh ! qui êtes-vous donc pour me parler ainsi, amigo ? répondit l’autre. Il me semble reconnaître votre voix ?

— Je suis don Julian d’Herigoyen, ou le Cœur-Sombre, si vous préférez ce nom.

— Oh ! oh ! c’est vous, mon maître ! répondit joyeusement le mayordomo. Attendez un peu ; je suis à vous dans un instant.

Tout en parlant ainsi, ño Ignacio avait pénétré dans le parc, doucement et avec précaution, car il conduisait son cheval par la bride.

Derrière le cheval, une douzaine de vaqueros entrèrent l’un après l’autre, silencieux et sombres, faisant passer, eux aussi, leurs chevaux après eux.

Lorsque ce singulier défilé fut terminé, ce qui exigea un temps assez long, la porte étant étroite et assez basse, le mayordomo donna l’ordre aux vaqueros de se rendre dans les corales pour y placer leurs chevaux.

Mais alors Julian intervint.

— Non, dit-il, ils s’établiront ici dans le parc, tout est préparé pour les recevoir, eux et leurs chevaux. Mais prenez garde qu’ils ne s’écartent à droite et à gauche,