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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/296

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— Vous avez raison ; mieux vaut en finir tout de suite avec eux. Maintenant que cette affaire est terminée, revenons au chiffre, s’il vous plaît, cher monsieur.

— Hum ! que pensez-vous de cent mille francs ? Vous voyez que je ne lésine pas ! ajouta-t-il d’un air satisfait.

Le Loupeur éclata d’un franc éclat de rire.

— Vous riez ? Pourquoi riez-vous ? demanda-t-il tout déferré.

— Pardieu ! je ris parce que la plaisanterie me semble excellente.

— Cependant, cent mille francs ! reprit-il avec importance.

— Vous êtes fou ? Ajoutez un million, et nous causerons.

— Un million ! s’écria-t-il avec stupeur, en levant les yeux au ciel.

— Tout autant, sinon rien de fait, reprit froidement le Loupeur. Songez donc à ceci : que ce n’est que par l’appât d’une grosse somme que vous pouvez avoir à votre entière dévotion ces hommes, pour lesquels l’argent est tout. Je ne puis pas promettre moins d’un billet de mille francs à chacun d’eux ; pour mille francs, certains d’entre eux mettraient le feu aux quatre coins de Paris, le diable en personne ne les ferait pas reculer ; de plus, nous ignorons pendant combien de temps se prolongera cette affaire ; il me faudra habiller, loger, nourrir tous ces drôles ; ils mangent comme des autruches et boivent comme des éponges ; ils seront ruineux pour moi. Calculez combien il me restera.

— Oui ; mais un million ! fit-il en joignant les mains d’un air désespéré.

— Pardon, mon cher monsieur, vous vous trompez encore cette fois ; ce n’est pas un million qu’il me faut, mais douze cent mille francs.

— Mais vous aviez dit un million ?

— Entendons-nous, s’il vous plaît, cher monsieur, je vous ai dit un million, c’est vrai…