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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/313

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Sur ces entrefaites, la grande pensée du règne de Napoléon III avait eu, enfin, comme cela était facile à prévoir dès le premier jour, l’issue piteuse que chacun sait.

Le docteur d’Hérigoyen était rentré en France avec les glorieux débris de notre armée décimée, non par l’ennemi, mais par l’horrible vomito negro.

Le docteur revenait chevalier du Bain, commandeur d’Isabelle la Catholique, grand officier de la Légion d’honneur et membre de l’Institut.

On avait voulu lui ouvrir les portes du Sénat, mais il refusa : il se souvenait du 2 Décembre 1851.

D’ailleurs il appartenait sincèrement à l’opinion républicaine, et plus il avait vu et expérimenté de près l’Empire, plus ses convictions s’étaient affermies.

Les enfants du docteur, Bernard et sa femme avaient été au-devant de lui jusqu’à Cherbourg, où il devait arriver d’un moment à l’autre.

Ils l’attendirent.

En mettant le pied à terre, les premières personnes que vit le docteur furent ses enfants.

La joie fut immense de part et d’autre, et la rencontre véritablement attendrissante. Le soir même on retourna à Paris.

Ce fut avec une douce émotion et un bonheur indicible que le docteur prit possession et s’installa dans l’appartement que ses enfants avaient pris tant de soin de préparer pour lui.

Une seule chose restait obscure dans l’esprit du docteur.

Il ne comprenait rien à ce luxe princier, à ces apparences fastueuses dont il était entouré.

Tout cela l’inquiétait.

Il cherchait vainement à deviner les causes d’un changement aussi complet.

Enfin, n’y tenant plus, il demanda nettement une explication, qui ne se fit pas attendre.

Une conversation de dix minutes avec son fils et la lettre de don Cristoval de Cardenas, que Denizà lui fit lire