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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/315

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Si parfaite que soit une femme, elle a ses côtés faibles, ses nerfs, que sais-je ?

Mais Julian avait feint de ne pas remarquer cette bouderie, ce qui avait rendu Denizà furieuse.

Un matin, après le déjeuner, il annonça à sa femme de l’air le plus indifférent qu’il attendait à dîner, le jour même, quelques amis qu’elle serait probablement heureuse de voir, et il la pria de donner ses ordres en conséquence.

Puis il embrassa sa femme, et sortit pour aller, dit-il, voir son ami Bernard et l’inviter, ainsi que sa femme, à venir le voir.

— Mon mari n’est plus le même, ajouta Denizà avec dépit dès qu’elle fut seule, il y a certainement quelque chose qu’il me cache.

En ce moment, elle entendit le roulement de la voiture qui s’éloignait.

— Où peut-il aller ainsi ? ajouta-t-elle. Je le saurai.

Elle devait l’apprendre le jour même.

La voiture s’arrêta aux Tuileries, devant la grille qui fait face à la rue Castiglione, derrière une autre voiture que Julian reconnut pour appartenir à Bernard.

Il descendit et pénétra dans le jardin.

Il aperçut presque aussitôt son ami, commodément installé à une table du café de la grande allée, et fumant une cigare, tout en buvant à petits coups un grand verre de café froid, mélange d’eau glacée.

Julian lui serra la main et s’assit près de lui, en ordonnant au garçon de lui servir un soda-water.

— Eh bien ? demanda-t-il à son ami.

— Tout est terminé depuis ce matin, répondit Bernard. Rien ne manque. J’ai suivi tes plans à la lettre. C’est véritablement une maison sonorienne, à l’intérieur, bien entendu ; le jardin d’hiver est surtout magnifique. Mais cela, je t’en avertis, coûtera des sommes folles.

— Bah ! fit Julian en riant, c’est son affaire ; je n’ai fait que me conformer à ses intentions. Le principal est qu’il soit satisfait…