Aller au contenu

Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/345

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— À quoi bon nous adresser a la police ? reprit vivement Bernard ; faisons nos affaires nous mêmes, cela vaudra mieux sous tous les rapports : nous sommes, Julian et moi, sans compter mon ami Armand, vous, don Pancho, Charbonneau et mon Comanche Tahera, nous sommes tous d’anciens coureurs des bois ; nous savons suivre une piste. La forêt parisienne est peut-être plus dangereuse que celles de l’Arizona, mais nous saurons bien, quand il le faudra, y retrouver les traces de nos ennemis.

— Certes, dit Julian, je suis complètement de ton avis, mon ami ; cependant j’approuve l’idée de mon père de s’adresser à la Préfecture de police, ne serait-ce que pour établir que nous sommes dans le cas de légitime défense. D’ailleurs nous entreprenons une expédition terrible, une chasse à l’homme. Les fauves que nous poursuivons emploieront contre nous tous les moyens, même les plus désespérés. Ils se retourneront contre nous ; ils essaieront de revenir sur leurs brisées ; les limiers de police sont hardis et adroits ; ils nous serviront de rabatteurs.

— Bravo ! s’écria le docteur ; bien parlé, fils.

— Je crois comme don Bernardo, dit alors don Cristoval, qu’une piste peut se suivre à travers Paris avec autant et même peut-être avec plus de succès que dans la savane.

— C’est aussi mon avis, señor don Cristoval, reprit Julian ; mais dans une lutte sans merci, comme celle que nous allons prochainement engager, il est indispensable de mettre autant que possible toutes les chances de son côté. Si nous méprisons la police, elle nous deviendra hostile et nous contrecarrera par tous les moyens dont elle dispose, et ils sont immenses ; si nous feignons, au contraire, d’avoir besoin d’elle et de lui demander son aide, elle deviendra aussitôt notre alliée, et, autant qu’elle le pourra, elle aplanira les obstacles qui se dresseront à chaque pas devant nous : donc, l’idée de mon père est bonne. Je l’engage à faire sans retard sa visite à la Préfecture de police, aux vieux amis dont il nous a parlé. Qu’en pensez-vous, messieurs ?