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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/347

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V

DANS LEQUEL JULIAN COMMENCE SES OPÉRATIONS.


Julian d’Hérigoyen avait à son service un domestique basque, qu’il avait engagé lors de son voyage dans les Basses-Pyrénées, pour monter la maison de don Cristoval de Cardenas de serviteurs parlant la langue espagnole.

Joseph Etcheverry, ainsi se nommait ce domestique de confiance, ne portait pas la livrée.

C’était un grand et très vigoureux gaillard de trente-quatre à trente-cinq ans, ancien maréchal des logis de cuirassiers, d’une bravoure à toute épreuve et d’une conduite irréprochable.

Il était né à Louberria ; Julian l’avait connu tout enfant et l’aimait beaucoup.

Joseph était fils d’anciens métayers de la famille d’Hérigoyen, fort pauvres, mais très honnêtes ; ils ne vivaient que des bienfaits du docteur d’Hérigoyen. Pour leur assurer une vieillesse tranquille, le docteur les avait installés en qualité de gardiens dans sa maison de Louberria, lorsqu’il l’avait quittée pour se fixer définitivement à Paris avec Denizà, après la condamnation de son fils, à la suite du Coup d’État de décembre 1851.

Le dévouement de Joseph Etcheverry pour son maître touchait presque au fanatisme.

C’était un véritable séide, prêt à se faire tuer sans hésiter sur un mot et sur un signe de Julian. Celui-ci avait en lui une entière confiance.

Le lendemain du jour où le jeune comte de Valenfleurs avait été si singulièrement accosté au bois de Boulogne, vers huit heures du matin, Julian, levé depuis longtemps déjà, était dans son cabinet en train de cacheter quelques lettres qu’il venait d’écrire, tout en levant