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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/361

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pièce décorée à la mode romaine, des amours, des nymphes et de satyres d’une perfection rare, mais que Julian ordonna de faire disparaître sous des tentures de haute lisse de vieux Beauvais. Et cela, sous deux jours, tout en prenant bien garde de les endommager ; car c’étaient de véritables chefs-d’œuvre de peinture.

Bref, sauf ces légères taches, qui n’en étaient pas, bien au contraire, dans une petite maison, Julian était ravi, les meubles, les tableaux et les tentures valaient seuls presque le double de ce qu’il avait payé la maison.

Aussi rendit-il Joseph heureux en le félicitant à plusieurs reprises de cette belle acquisition.

Le brave garçon n’avait pas tout d’abord aperçu les détails érotiques qui, ensuite, avaient frappé ses yeux.

Aussi, dans son for intérieur, était-il très inquiet de l’impression qu’ils feraient sur son maître.

Cette longue visite enfin terminée à la satisfaction du maître et du serviteur, Julian ordonna à Joseph de faire atteler le fiacre, et de prendre un costume convenable à l’emploi qu’il allait remplir ; c’était lui qui devait conduire.

Dix minutes plus tard, le fiacre était attelé. C’était un coupé de louage véritable, assez sale à l’extérieur, mais fort soigné en dedans.

Il était attelé d’un cheval excellent, mais sans apparence.

Julian faillit éclater de rire en voyant paraître Joseph : il ressemblait à s’y méprendre à un cocher de la compagnie des Petites-Voitures.

— Il y a un revolver à six coups dans chacune des poches de la voiture, dit-il à son maître ; j’en ai autant sur le siège.

— Très bien, répondit Julian ; faites-en autant pour les autres voitures.

— C’est fait. Où faut-il conduire monsieur ?

— Devant le perron du Palais-Royal.

— Faudra-t-il attendre monsieur ?