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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/395

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mon désir de la voir et de la consulter ; j’ai demandé son adresse, qui m’a été donnée avec empressement.

— Tout s’explique alors. Ces soi-disant sorciers, dans l’intérêt même des impostures qu’ils débitent, entretiennent à grands frais des preneurs et des espions sur tous les échelons de l’échelle sociale : prévenue à l’avance de votre visite, elle vous attendait ; en vous voyant, elle vous a reconnu, et alors l’idée d’une vengeance a germé dans son esprit, et elle l’a mise aussitôt à exécution. Vous avez été la dupe de cette femme, mon camarade ; cela est pour moi clair comme le jour. Dans tous les cas, il y a un fait certain, c’est que le coup de théâtre, que sans doute elle avait préparé, a complètement manqué.

— Comment cela ?

— Ne m’avez-vous pas dit qu’il y a un mois déjà que vous êtes allé chez cette soi-disant sorcière ?

— C’est vrai, je vous ai dit cela ; mais, en réalité, le mois n’est pas encore écoulé, il s’en manque d’un jour.

— Ainsi, c’est aujourd’hui le vingt-neuvième jour, celui où doit tomber la glace au premier coup de midi ?

— Oui, mon ami.

— Ah ! pardieu ! voilà qui est bizarre, sur ma foi ! Je ne suis pas fâché d’être présent à cette expérience.

— Elle a dit que vous y seriez.

— C’est juste, fit-il en riant, le mauvais génie, le démon ! Eh bien, la mise en scène est complète : nous n’avons plus qu’à attendre l’événement. Voyons quelle heure est-il ? ajouta-t-il en sortant sa montre, midi moins cinq ; bon ! nous n’aurons pas longtemps à attendre.

— Moi, j’ai midi moins trois, dit Felitz Oyandi qui avait imité son mouvement.

— Vous avancez ; mais, peu importe, puisque c’est l’horloge de l’église qui doit donner le signal.

— Croyez-vous que la glace tombera ?

— Je ne puis rien préjuger, dit le Mayor en ricanant, mais qu’elle tombe ou non, ma conviction restera la même.

— C’est-à-dire ?