— Ma mère ! s’écrièrent les deux jeunes gens avec âme. Et par un mouvement spontané, irréfléchi, ils tombèrent à ses genoux, s’emparèrent chacun d’une de ses mains qu’elle leur abandonna, et qu’ils couvrirent de baisers brûlants.
La comtesse les considérait avec une joie ineffable. Ils étaient si beaux ainsi !
— Que c’est bon, la jeunesse ! murmurait-elle ; que c’est grand l’amour chaste et pur qui vient du cœur ! Enfants, aimez-vous, c’est la loi divine : aimez-vous, c’est la joie, le bonheur de la vie, le reste n’est rien qu’illusion et mensonge ! Aimer, c’est vivre !
— Vous consentez ! s’écrièrent-ils les yeux pleins de larmes et en redoublent de caresses.
— Oui, enfants, répondit-elle ; je consens à nous rendre heureux tous les trois. Vous serez unis si Dieu le permet ; et, attirant à elle et les joignant dans les siennes les mains des deux jeunes gens : Dès ce moment, ajouta-t-elle, considérez-vous comme fiancés, mes enfants.
Armand et Vanda étaient au comble de leurs vœux.
Leur joie tenait du délire ; ils accablaient leur mère de douces caresses, et ne trouvaient pas de mots pour exprimer tout ce qu’ils éprouvaient de bonheur.
Une heure auparavant, ils étaient si loin de s’attendre à un aussi prompt et surtout a un aussi heureux résultat !
— Me permettez-vous, ma mère, dit Armand, lorsque sa première émotion fut un peu calmée, me permettez-vous d’annoncer cette nouvelle, qui nous comble de joie, à nos amis ?
— Je la leur annoncerai moi-même, mon fils, demain à la fin du dîner auquel je les ai conviés ; ils seront tous là, près de nous.
— Merci, ma mère, dirent les jeunes gens d’une seule voix.
— Vous êtes bonne et vous avez toutes les délicatesses du cœur, ma mère, dit Armand en l’embrassant.
— Tu l’aimes donc bien ? lui murmura-t-elle à l’oreille.