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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/64

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alors Charbonneau, a appris avec joie l’arrivée de ses fils à son calli en pierre. Voici les paroles que souffle sa poitrine : « Mes fils sont les bienvenus ; il n’y a aucune peau entre mon cœur et celui de chacun de mes enfants. Les visites qu’ils me font sont trop rares ; parfois plusieurs lunes s’écoulent sans que je les voie. Ils savent que je les aime ; j’envoie mes guerriers faces-pâles à leur rencontre pour faire honneur à d’aussi puissants guerriers. Mes fils sont les bienvenus. J’ai dit. »

Charbonneau salua en se courbant sur le cou de son cheval et attendit.

Alors le plus âgé des trois chefs, après quelques instants de silence, prit la parole à son tour.

— « Je sais, l’Épervier, dit-il — l’Épervier était le nom indien du chasseur canadien — je sais que vous êtes un digne enfant adoptif des Comanches du Bison-Blanc ; que le sang de votre cœur est rouge et que vous n’avez pas la langue fourchue ; je vous remercie des paroles bienveillantes que vous avez prononcées au nom de notre grand-père, le sagamore puissant des hommes rouges ; sa chevelure est noire encore, mais le Wacondah — dieu — lui a donné sa sagesse pour le bonheur de ses enfants ; nous venons donc vers lui avec joie, et puisqu’il vous l’a dit, nous savons que nous sommes les bienvenus. J’ai dit. »

Il y eut un court silence, puis le chef prenant son ikitchota ou sifflet de guerre, fait d’un tibia humain pendu sur sa poitrine par une chaîne d’or, siffla à deux reprises.

À ce signal les Comanches s’élancèrent à toute bride et firent une fantasia brillante en poussant de grands cris de joie, déchargeant leur fusil en l’air et faisant exécuter à leurs chevaux tous les exercices les plus difficiles de la haute école la plus raffinée.

Les chasseurs, excités par cette fantasia, en exécutaient une semblable de leur côte.

Pendant près de dix minutes, à la façon dont les cavaliers galopaient, se croisaient et se poursuivaient en criant et déchargeant leurs armes, on eût suppose qu’ils se livraient un combat acharné ; tandis qu’au contraire ils