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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/69

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Après cet échange de politesse, exigé par le cérémonial, don Cristoval se plaça entre les deux plus âgés sachems, et l’on pénétra dans le calli-medecine, magnifiquement éclairé par une grande quantité de torches, attachées de tous les côtés à la muraille par des mains de fer.

Deux tables avaient été préparées.

La première destinée aux chefs, la seconde aux simples guerriers.

À la première s’accroupirent l’haciendero, les trois Sachems, Julian, Bernardo et Charbonneau.

À la seconde prirent place don Pancho, le mayordomo et les guerriers comanches.

Ces tables, fort basses selon la coutume indienne, n’admettaient aucun siège ; les convives s’accroupissaient autour, sur le sol même.

Seul, don Cristoval était assis sur un tabouret en bois de mahogany, élevé seulement d’un pied.

Les autres personnes du cortège, hommes ou femmes, s’assirent sur les gradins et restèrent ainsi spectateurs de ce qui se passait.

Sur l’ordre muet de don Cristoval, les vivres préparés à l’avance furent servis à profusion sur les deux tables par des peones.

Les Peaux-Rouges supportent les plus grandes fatigues et les plus dures privations avec un stoïcisme véritablement admirable.

Ils passent, quand il le faut, plusieurs jours sans boire ni manger avec une insouciance qui leur fait le plus grand honneur : jamais ils ne se plaignent et ne laissent voir les souffrances que leur cause cette abstinence forcée.

Mais, en revanche, lorsqu’ils ont des vivres, ils mangent, ou plutôt ils engloutissent tout ce qu’ils peuvent, avec une gloutonnerie et une voracité vraiment dégoûtantes.

Rien ne saurait les retenir et les empêcher d’agir ainsi.

Ils trouvent cette manière de procéder toute naturelle,