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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/7

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nous nous sommes bien souvent rencontrés dans la savane.

— C’est vrai, señor, répondit Julian, et c’est même à cause de notre vieille connaissance que j’ai tenu à vous voir assister à notre entretien.

— Disposez de moi, señor Cœur-Sombre, je vous suis acquis ainsi qu’à tous les amis de mon maître.

Chacun s’installa alors de la façon qui lui sembla la plus commode.

Puis les cigares et les cigarettes ayant été allumés, Julian reprit la parole :

— Caballeros, dit-il, veuillez, je vous prie, me prêter une sérieuse attention, car ce que j’ai à vous apprendre est de la plus haute importance. Aujourd’hui même, le hasard, ou pour mieux dire la Providence, m’a lancé sur la piste d’une machination ou, pour être plus vrai, d’un complot terrible, tramé par un des ennemis les plus acharnés de notre hôte.

— Vous faites sans doute allusion au Mayor, señor don Julian ? interrompit don Cristoval.

— Précisément, caballero ; mais cette fois ce misérable, dont je croyais avoir purgé les savanes, se redresse plus puissant que jamais.

— Ce qui prouve, interrompit vivement Bernardo, que lorsqu’on a blessé un serpent, il faut être sans pitié pour lui, et lui écraser impitoyablement la tête.

— Tu as raison, mais nous ne l’avons pas fait.

— Et nous avons eu tort ; mais sois tranquille, sur ma foi de Dieu ! s’il retombe entre mes mains je réglerai définitivement mes comptes avec lui.

— Et cette fois, je n’arrêterai pas ton bras, sois tranquille.

— Bien ; j’en prends acte.

— Soit. Mais revenons à notre affaire. Cet homme, le Mayor, a retrouvé son ancien complice, ce Calaveras que vous connaissez, don Cristoval.

— Comment, ce misérable n’est pas mort de ses blessures ? s’écria l’haciendero avec surprise.

— Non, malheureusement, dit Bernardo. Il est plus