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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/72

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la vie, qui saura de nouveau te féconder lorsque l’heure en sera venue.

Puis il rendit le calumet à l’haciendero et se retira respectueusement de quelques pas en arrière.

Cinq minutes s’écoulèrent encore.

Un silence profond régnait dans cette immense salle, remplie cependant de monde.

L’haciendero fit un geste.

Le plus âgé des Sachems se leva et s’adressant à don Cristoval.

— Tu sais, père très bon et très juste, dit-il, l’affection et le respect de tes fils rouges : ils ont appris, par leur fils adoptif l’Épervier, que les chiens coyotes des prairies se sont armés et ont résolu d’attaquer ton calli en pierre pour s’emparer de toi, de ta ciualt et de tes enfants pour vous attacher au poteau. Ces chiens à face pâle, qui n’appartiennent à aucune race et que toutes les nations répudient, ont soif de ton sang et de tes richesses ; les Comanches du Bison-Blanc les connaissent bien ; et depuis longtemps ils les ont chassés souvent dans la savane comme des coyotes ; mais ces faces pâles, lâches et traîtres, ont eu peur ; ils ont imploré la pitié des Comanches. Les guerriers de notre nation sont des hommes braves, ils ne combattent pas les femmes ; ils ont dédaigneusement donné des jupons à ces misérables, et ils leur ont fait grâce ; la hache fut donc enterrée entre les coyotes des savanes et les Comanches du Bison-Blanc.

» Mais cette paix apparente cachait une noire perfidie : Les Comanches en eurent la certitude ; ils apprirent, grâce à leur fils l’Épervier, que les lâches faces pâles n’avaient imploré la bonté des Comanches que pour mieux les tromper, et être libres d’attaquer en toute sûreté, et sans avoir à redouter la vengeance terrible des Comanches, leur père, le grand Sagamore des nations rouges des prairies de l’Arizona. Un grand conseil-médecine se réunit aussitôt, et les sachems décidèrent que les Comanches-Bisons ne laisseraient pas lâchement assassiner leur père, le grand Sagamore, par ces lâches et perfides