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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/79

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louche autour de lui, comme pour reconnaître l’endroit où il se trouvait.

— Qui de vous est le maître de l’hacienda ? dit-il d’une voix sourde avec arrogance.

— Silence ! répondit Julian, c’est à nous d’interroger et à vous de répondre à nos questions.

— Bah ! reprit-il en ricanant, est-ce que vous ne savez pas ce que c’est qu’un parlementaire ?

— Nous savons aussi ce que c’est qu’un prisonnier, répondit froidement Julian.

— Bon ! qu’est-ce que cela me fait ? je ne suis pas votre prisonnier, moi !

— C’est ce qui vous trompe, fit Julian d’un accent glacé.

— Tout ça, c’est des bêtises, reprit-il en haussant les épaules : vous ne m’avez pas pris, je suis venu de moi-même, sur l’ordre du Mayor, qui a des propositions à vous faire. Qui de vous est le maître de la Case, afin que je m’acquitte de ma mission ?

— Le propriétaire de cette hacienda est absent, c’est moi qui le remplace.

— Cela m’est égal, s’il vous a donné des pouvoirs réguliers pour le remplacer.

— J’ai tous les pouvoirs nécessaires : voilà pourquoi je vous répète que vous êtes mon prisonnier. Vous êtes venu sottement vous livrer entre mes mains, tant pis pour vous ! vous en subirez les conséquences. Les honnêtes gens ne reçoivent pas de parlementaires de salteadores et de misérables de votre espèce. Ceci dit une fois pour toutes, préparez-vous à répondre aux questions que je vais vous adresser.

— Laissez-moi donc tranquille avec toutes vos histoires ! reprit l’aventurier en ricanant. Je n’ai pas à faire à vous ; je ne vous connais pas. Puisque l’individu avec lequel je suis chargé de traiter est absent, tant pis pour lui ! je m’en vais.

Et il fit un mouvement comme pour sortir.

Mais, sur un signe de Julian, les peones l’arrêtèrent.