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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/94

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autorités américaines. Livrer ce bandit au gouvernement des États-Unis, c’était impossible ; le livrer aux Français, qu’en résulterait-il ? Un long procès qui peut-être n’aboutirait à rien et pendant lequel le misérable trouverait peut-être une occasion de s’échapper.

— Oui, la situation était hérissée de difficultés, dit Belhumeur en hochant la tête ; mais il y avait un moyen cependant.

— Lequel ? demanda Julian avec un fin sourire.

— Pardieu ! la loi du désert, le juge Lynch !

— Nous sommes les maîtres dans les Prairies, et notre justice est expéditive et loyale, dit Berger.

— Vous auriez dû y songer, Cœur-Sombre ? dit la Main-Ferme.

— Je ne vois pas d’autre moyen d’en finir avec ce misérable, ponctue le Cœur-Loyal.

— Ainsi, c’est votre avis, compagnons ?

— Certes, répondirent-ils d’une seule voix.

— Eh bien, je suis heureux de vous entendre parler ainsi, parce que cet avis est aussi le mien ; et voilà pourquoi j’ai amené mon prisonnier dans votre camp, où nous pourrons le juger en toute sûreté de conscience et sans craindre qu’il nous échappe.

— D’ailleurs, reprit la Main-Ferme, cet homme est notre justiciable ; la plupart de ses crimes les plus odieux ont été commis dans le désert sur des chasseurs, ou sur la frontière : donc, son jugement nous revient de droit.

— Si coupable qu’il soit, je crois que les tortures sont inutiles et que la mort sera pour lui un châtiment assez sévère ; à moins qu’il ne s’obstine dans son mutisme et refuse de nous révéler certains secrets qu’il possède, et qui touchent une famille estimable à laquelle je porte un vif intérêt.

— Rapportez-vous-en à nous, Cœur-Sombre, nous avons malheureusement été trop souvent contraints de tenir les sinistres assises du juge Lynch pour ne pas savoir toute la responsabilité que cet acte terrible fait retomber sur nous, dit Belhumeur avec une nuance de