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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/97

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Chaque pas qu’il faisait lui causait des souffrances horribles, car le sang, pendant si longtemps comprimé, reprenait son cours et se précipitait violemment aux extrémités.

Le prisonnier était livide.

Son regard avait quelque chose d’égaré, une écume blanchâtre suintait aux commissures de ses lèvres, un tremblement nerveux secouait tout son corps.

Mais il demeurait froid, impassible, et souffrait sans articuler la plainte la plus légère.

Sur l’ordre de Belhumeur, qui, à cause de son âge et de sa longue expérience avait été nommé président de ces sanglantes assises, on fit asseoir le prisonnier sur un crâne de bison, et on lui accorda un quart d’heure pour se remettre.

Avant d’amener le prisonnier devant ses juges improvisés, les chasseurs lui avaient enlevé tous ses liens.

De là les douleurs cuisantes qu’il éprouvait.

Sebastian avait été assis de façon à être facilement vu de tous les assistants.

Aussi, après quelques instants, cinq ou six chasseurs quittèrent leurs rangs et vinrent se joindre au groupe des plaignants.

Ils l’avaient reconnu.

Parmi ces chasseurs se trouvaient Berger et la Main-Ferme, deux des coureurs des bois les plus estimés dans les prairies de l’Ouest lointain.

Pendant un quart d’heure, tous ces hommes réunis demeurèrent immobiles et silencieux comme des statues de bronze, les regards fixés sur le prisonnier.

Celui-ci sentait son sang reprendre son cours normal ; l’engourdissement diminuait rapidement ; ses douleurs n’étaient plus aussi fortes ; elles s’apaisaient de plus en plus.

Bientôt elles cessèrent complètement, et le prisonnier rentra enfin en pleine possession de ses membres, ce qui lui fit pousser un soupir de soulagement.

Lorsque le quart d’heure de grâce accordé au prisonnier