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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/99

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— Oui, malheureusement pour moi, je fais partie de sa bande.

— Depuis combien de temps ?

— Depuis toujours.

— Expliquez-vous.

— Je le veux bien : mais, si cela était possible, je voudrais que tout cet interrogatoire fût écrit pour servir plus tard, s’il y a lieu. Je sais que je suis coupable et que j’ai cent fois mérité le châtiment que je vais enfin recevoir ; je suis fatigué de cette existence de crimes que je mène depuis si longtemps, je suis bourrelé de remords, ma vie est un supplice ; mais si j’ai vécu en brigand, je veux mourir non en honnête homme, cela est impossible, mais au moins me disculper de quelques-uns des crimes que j’ai commis, non pas ici, en Amérique, j’étais presque dans le cas de légitime défense, j’étais un bandit, on me pourchassait comme une bête fauve, je me défendais comme je pouvais, rendant le mal pour le mal ; mais là-bas, de l’autre côté de l’eau, en France, quand j’étais encore honnête relativement, et qu’un mauvais génie, qui avait tout pouvoir sur moi, me contraignait malgré ma volonté, à commettre les actions les plus atroces.

— Ce que vous demandez est juste, et prouve que tous les bons sentiments ne sont pas éteints dans votre âme, répondit Belhumeur. Vous allez être satisfait. Cœur-Loyal, vous chargez-vous de la rédaction de ce procès-verbal ?

— Oui, j’ai tout ce qu’il me faut pour cela dans ma valise, répondit le Cœur-Loyal, mais il est indispensable que toutes les demandes et les réponses faites jusqu’à présent soient écrites.

— Faites donc, nous attendrons, pour reprendre l’interrogatoire, que vous vous soyez mis au courant.

— Cela ne sera pas long, répondit le Cœur-Loyal.

Il ouvrit sa valise, en tira papier, plumes et encre, et il se mit aussitôt à écrire, avec une rapidité qui témoignait d’une longue habitude.

— Connaissez-vous assez bien la langue française pour