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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/116

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Rappelez-vous donc votre science du désert et l’infaillibilité de votre regard ; ne laissez rien échapper de ce que vous découvrirez : l’indice le plus faible et le plus indifférent, en apparence, peut nous donner le succès : nous sommes quatre chasseurs expérimentés ; le Mayor, si fin qu’il soit, ne nous échappera pas.

— Vous vous trompez, monsieur Bernard, dit le chasseur en souriant ; nous ne sommes pas quatre coureurs des bois, mais six.

— Plaît-il ? Plaisantez-vous, ami Charbonneau ?

— Pas le moins du monde, monsieur ; vous oubliez le comte Armand ; lui aussi, vous le savez, est un fin chasseur. Dès qu’il apprendra ce qui s’est passé, il accourra à Paris, toutes affaires cessantes, et, dans cette cause dont le succès l’intéresse bien plus encore que nous, car nous n’avons que le dévouement et lui a l’amour, il fera des miracles d’adresse et de dévouement.

— C’est vrai, vous avez raison, j’avais oublié le jeune comte ; mais cela ne fait que cinq et, quoi que vous en disiez, ami Carbonneau, je ne vois pas du tout quel peut être ce sixième auxiliaire auquel vous avez fait allusion.

— Vous ne le voyez pas, monsieur Bernard, parce que vous êtes encore sous le coup des mauvaises nouvelles que je vous ai apportées et que la douleur vous ôte votre clairvoyance habituelle.

— C’est bien possible, mon ami ; je l’avoue, le coup a été rude, et d’autres que moi auraient perdu leur sang-froid en le recevant ; mais, soyez tranquilles, avant dix minutes je serai rentré dans la complète possession de toutes mes facultés intellectuelles ; expliquez-vous donc, je vous prie.

— Je n’en doute pas, monsieur Bernard ; car, grâce à Dieu, je vous connais depuis bien des années, et je vous ai vu plusieurs fois dans des situations aussi terribles que celle-ci. Mais, pour en revenir à ce que vous me demandez, je vous dirai que je veux tout simplement parler de Dardar, le brave chien du comte. Vous savez combien il aime sa jeune maîtresse. Si nous réussissons à lui faire sentir quelque chose ayant appartenu soit à mademoiselle