Aller au contenu

Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/118

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les lumières disparaissaient les unes après les autres derrière les fenêtres des maisons.

Les habitants de ce quartier retiré, après une longue journée de labeurs et de fatigues, se préparaient à se livrer au repos et à oublier pendant quelques heures, trop rapidement écoulées, les soucis de la veille et ceux du lendemain.

Tout était calme et silencieux.

Le coupé, attelé d’un vigoureux cheval mecklembourgeois, attendait, rangé près du trottoir, à l’angle de la rue de la Sablière et de la chaussée du Maine.

Le cocher se tenait droit sur son siège, le fouet en main et l’œil au guet.

Le valet de pied se promenait de long en large sur le trottoir, les mains appuyées sur la crosse des revolvers cachés dans ses poches, et prêt à en faire usage au premier incident suspect.

Bernard et Charbonneau ne mirent que quelque cinq ou six minutes pour franchir la distance qui séparait la maison de la rue Bénard de l’endroit où la voiture était arrêtée.

— Quoi de nouveau ? demanda Bernard au valet de pied.

— Rien en apparence, monsieur, répondit cet homme en saluant respectueusement l’ami de son maître.

— Que voulez-vous dire, Michel ? reprit Bernard avec un léger froncement de sourcil. Auriez-vous donc vu quelque chose de suspect ?

— Je n’oserais l’affirmer à monsieur, répondit le valet de pied ; rien ne s’est passé, sinon qu’à plusieurs reprises certains individus de mauvaise mine, et qui marquaient très mal, ainsi que nous disons nous autres, les uns contrefaisant l’ivresse, les autres feignant de se disputer entre eux, bien qu’il fût facile de reconnaître que ce n’était qu’un jeu, sont venus rôder autour de la voiture et nous regarder sous le nez. Mais, voyant probablement à notre contenance assurée que nous nous tenions sur nos gardes, et que nous n’étions pas gens à nous laisser inti-