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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/129

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Mais le cocher veillait : enveloppé par un vigoureux coup de fouet, l’espion fut contraint de lâcher prise et roula par la chaussée en poussant un hurlement de douleur et de colère.

Cette leçon, un peu rude, suffit.

Aucune autre tentative ne fut faite, et la voiture continua rapidement à s’éloigner dans la direction du faubourg Saint-Honoré.

Un quart d’heure plus tard, la voiture tournait dans la rue Croix-des-Petits-Champs et s’arrêtait à l’angle de la rue de Montesquieu.

Bernard mit pied à terre.

Tout était silencieux et désert autour de lui, sauf deux sergents de ville, appuyés contre une porte à quelques dix pas de là et causant entre eux à voix basse.

Le coureur des bois marcha résolument vers les sergents de ville.

En voyant Bernard s’approcher d’eux, les soi-disant agents de l’autorité, peu soucieux sans doute d’être dévisagés par ce curieux, s’élancèrent l’un à gauche, l’autre à droite, et, s’éloignèrent dans des directions différentes avec une rapidité qui aurait fait honneur à des cerfs poursuivis par les chasseurs.

— J’en étais sûr, dit Bernard en riant. Caraï ! la consigne est bien donnée ; ah ça ! ce gredin de Mayor a donc enrôlé le ban et l’arrière-ban des bandits de Paris à son service ? Hum ! il faudra voir.

On sait que cette phrase était usitée par le chasseur quand il croyait apercevoir quelque chose de louche.

Il revint vers la voiture.

Tahera avait mis pied à terre, toujours impassible selon sa coutume, mais prêt à venir en aide à son ami, si besoin était.

— Vous allez faire un grand circuit à travers les rues, dit Bernard à Michel, le valet de pied ; il est important de dépister les espions qui nous surveillent. Lorsque vous serez certain de ne pas être suivi, vous gagnerez le boulevard et vous arrêterez la voiture devant le restaurant