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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris III.djvu/135

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— C’est vrai, mais cela est ainsi. Ne me faites pas, monsieur, l’injure de supposer que je veux jouer avec vous un double jeu, reprit Williams Fillmore avec une dignité persuasive ; vous me connaissez de longue date, et vous devez vous souvenir de la conduite que j’ai tenue il y a quelques années envers vous et vos amis ?

— Cette conduite a été franche et loyale, je le reconnais hautement, monsieur.

— Je vous remercie, et j’ai été généreusement récompensé ; aussi, je suis riche aujourd’hui, grâce à votre ami. Je ne suis guidé dans ce que je fais par aucun motif d’intérêt : la reconnaissance seule me fait agir ; si l’on m’offrait une récompense quelconque pour le peu que je puis faire, je la refuserais, sachez-le bien, et cela d’autant plus que c’est moi-même qui me suis offert, lors de mon départ pour l’Europe, à vous servir contre le Mayor, si quelque jour vous aviez besoin de moi.

— Tout cela, monsieur, est vrai, je me plais à le constater ; je ne mets donc pas un seul instant en doute votre désir de nous être utile ; seulement, je m’étonne, et vous devez le comprendre, qu’ayant été si promptement instruit du guet-apens dont a été victime mademoiselle Vanda, vous n’ayez pas obtenu quelques renseignements au moyen desquels nous aurions pu retrouver les traces du coupable.

— Des coupables, vous voulez dire, car ils sont deux : le Mayor d’abord, et Felitz Oyandi ensuite.

— Ah ! ah ! fit Bernard en se frottant les mains, ce drôle a aussi trempé dans cette affaire ; c’est bon à savoir !

— C’est lui qui a tout préparé ; il est l’âme damnée du Mayor, son bras droit, son lieutenant enfin, comme il l’était là-bas dans les savanes de l’Ouest. Malgré le mépris qu’il éprouve pour la lâcheté de cet homme, le Mayor ne fait jamais rien sans le consulter.

— Mais pourquoi le Mayor a-t-il fait enlever mademoiselle Vanda ? Quel but se propose-t-il ? S’il voulait se venger de madame la comtesse de Valenfleurs, comment ne s’est-il pas directement adressé à elle ?